L'Angleterre de 1790 à 1815

Le royaume de Grande-Bretagne en 1790 et en 1815

 

La Grande-Bretagne au XVIIIe siècle:

En 1714 la couronne britannique échue à l'électeur de Hanovre, qui devint roi, sous le nom de George Ier de Grande-Bretagne. Une nouvelle ère de l'histoire britannique commençait. La Grande-Bretagne vécut deux décennies de calme et de stabilité. La rivalité ouverte entre les factions whigs (les ancêtres des conservateurs) et tories (les ancêtres des libéraux) se traduisit, sous George Ier, par la victoire des whigs, qui disposèrent des ministères. Les premiers souverains de la maison de Hanovre étaient donc allemands; George Ier, qui ne parlait pas anglais, résidait le plus souvent à Hanovre. Cet éloignement permit la mise en place du régime politique et parlementaire bipartite, décrit et vanté par Montesquieu ou Voltaire. Le premier ministre d'alors put mettre en place et contrôler un gouvernement d'autant plus indépendant que le souverain s'en désintéressait. Les relations entre la France et la Grande-Bretagne étaient alors cordiales.

Entre 1739 et 1763, la Grande-Bretagne fut presque continuellement en guerre. Au conflit avec l'Espagne vint s'ajouter, en 1740, la guerre de Succession d'Autriche, qui allia la Prusse, la France et l'Espagne contre l'Autriche. La Grande-Bretagne s'allia à cette dernière, et les armées et la flotte britanniques combattirent les Français en Amérique du Nord et en Inde, où les compagnies commerciales anglaises et françaises s'affrontaient pour étendre leur influence. La guerre de Succession d'Autriche prit fin au traité d'Aix-la-Chapelle en 1748.

En 1756, le conflit, qui s'était apaisé un temps, reprit. La guerre de Sept Ans (1756-1763) opposa la Grande-Bretagne, alliée à la Prusse, à la France, alliée à l'Autriche et à la Russie. Pour la Grande-Bretagne, le conflit commença par une série de défaites en Amérique du Nord, en Inde, en Méditerranée et sur le continent, où les Français prirent Hanovre. Le roi George II fit alors appel à William Pitt, 1er comte de Chatham, pour conduire la guerre, tandis que le duc de Newcastle dirigeait le pays.
La supériorité navale anglaise permit à la Grande-Bretagne de vaincre : la flotte française fut battue au large du Portugal. Aux Indes, les Anglais battirent Dupleix, laissé sans renforts. Au Canada, les troupes britanniques et les colons battirent Montcalm à la bataille des plaines d'Abraham, devant Québec.
Un nouveau traité de Paris (1763) consacra la victoire anglaise : la France perdait définitivement ses colonies d'Amérique du Nord et ses comptoirs des Indes.

Le règne de George III

En 1760, George III monta sur le trône. Né en Angleterre, il essaya de jouer un rôle direct dans le gouvernement du pays. Il nomma donc des hommes en qui il avait confiance. L'autoritarisme de son gouvernement se heurta violemment aux campagnes de libelles de l'opposition qui défendaient ses atteintes aux libertés fondamentales, l'opposition réclama la liberté de la presse, la cessation de la fraude électorale et de l'achat des votes, couramment pratiqués, et l'élargissement du droit de vote.

La guerre d'Indépendance américaine

Habitués depuis longtemps à disposer d'une importante autonomie et, après 1763, libérés du danger français, les colons américains supportèrent très mal la volonté du gouvernement britannique de leur faire payer une partie du prix de la guerre de Sept Ans sous forme d'impôts et de taxes sur le commerce.
George III et lord North décidèrent de réprimer leur sédition par la force. Après la défaite du général Burgoyne à la bataille de Saratoga en 1777, la guerre civile devint une guerre internationale. Les Français, en 1778, puis les Espagnols, en 1779, et les Hollandais, en 1780, rejoignirent le front antibritannique. La reddition du général Charles Cornwallis à Yorktown (en 1781) devant les troupes de Washington et de La Fayette, força lord North à démissionner en 1782.
Un nouveau traité de Paris fut signé en 1783 : l'indépendance des treize colonies qui formaient la république des États-Unis d'Amérique fut reconnue.

La réforme des institutions

La conséquence de la guerre fut une réforme profonde des institutions. La loi de réforme économique de 1782 réduisit les pouvoirs du roi. Le Parlement irlandais, contrôlé par les protestants anglo-irlandais, obtint une autonomie élargie. L'India Act de 1784 donna au gouvernement l'autorité sur l'Inde britannique, au détriment de la Compagnie des Indes orientales. L'India Act fut soutenu par William Pitt le Second, qui devint en 1783, à l'âge de vingt-quatre ans, le plus jeune Premier ministre de Grande-Bretagne.
De 1783 à 1801, puis de 1804 à 1806, William Pitt opéra un renversement décisif de l'équilibre des pouvoirs : désormais, le roi ne gouvernera plus.

 

La Grande-Bretagne à l'aube du XIXe siècle:

Des idées nouvelles favorables à la révolution Française

L'indépendance américaine et les réformes avaient amené la constitution d'un fort parti réformateur anglais; les sociétés de pensée franc-maçonnes fleurissaient, comme les clubs jacobins, qui rassemblèrent l'élite des penseurs anglais. Des réformateurs comme Charles James Fox et Thomas Paine défendirent la Révolution française; d'autres, comme Edmund Burke, favorables au départ, s'en détournèrent dès qu'ils virent qu'elle ne cherchait pas uniquement à établir une monarchie constitutionnelle.

15 ans de guerre contre la France révolutionnaire puis contre l'Empire

 

Le XIXe siècle, le siècle de la prépondérance anglaise

La fin de la guerre et de mauvaises récoltes provoquèrent une crise monétaire et industrielle en 1816. Le prix de la victoire du Royaume-Uni fut une crise économique grave. La guerre avait masqué les oppositions et la misère des artisans, des ouvriers et des petits paysans. Le gouvernement instaura des mesures protectionnistes (les lois sur le blé de 1815), supprima l'impôt sur le revenu en 1817 et rétablit l'étalon or (1819). Ces mesures, combinées à l'élargissement du système de la manufacture et des usines, accrut les manifestations populaires de résistance, qui dégénérèrent parfois en affrontements sanglants. Le gouvernement limita alors, par les Six Actes (1819), la liberté de la presse et le droit de réunion.