La Russie de 1790 à 1815

L'Empire de Russie en 1790 et en 1815

 

La Russie au XVIIIème siècle:

Catherine la Grande
Catherine la Grande succède à Pierre III son mari qu'elle fit probablement assasiné en 1762. Imprégnée de l'esprit des Lumières, admiratrice et amie de Diderot et Voltaire, elle entendit régner en philosophe mais ses réformes, souvent en décalage avec son discours, aboutirent de manière générale à un durcissement de la situation intérieure. En 1763, elle fit annuler les franchises des cosaques; dans un contexte de crise sociale, elle dut mater trés sévèrement les nombreuses révoltes paysannes qui éclatèrent, dont celle dirigée par le cosaque Pougatchev, qui constitua une sérieuse menace pour le pouvoir.
Sur le plan administratif, l'œuvre de Catherine II s'inscrivit dans la lignée de celle de Pierre le Grand: institué en 1775, le découpage de l'empire en 51gouvernements, supprimant les anciennes provinces, faisait suite aux gouvernements institués par son prédécesseur. En revanche, la tsarine libéra l'industrie de la tutelle de l'État, ce qui plaça, au début des années 1780, la Russie au premier rang mondial des producteurs de fonte et de fer. En 1785, fut promulguée la Charte de la noblesse, qui eut pour effet de renforcer les privilèges de cet ordre et d'accabler les paysans: exemptés d'impôts, dégagés de toute obligation envers l'État, les nobles avaient désormais un pouvoir absolu sur leurs paysans, ces derniers étant soumis au règne du plus total arbitraire puisqu'ils se retrouvaient privés de tout recours devant l'administration impériale.
Sa politique extérieure servit avec succès les velléités d'expansionnisme de la Russie. Catherine tourna d'abord ses forces contre l'Empire ottoman afin d'acquérir sur la mer Noire les ports en eau libre nécessaires au commerce russe. Les guerres russo-turques de 1768-1774 et de 1787-1791 lui permirent de prendre possession d'une partie de la Crimée puis de tout le territoire à l'ouest du Dniestr; la Géorgie fut annexée en 1783 ainsi que la Crimée. La seconde phase des guerres menées par Catherine II se déroula à l'ouest: à l'issue de conventions secrètes conclues avec Frédéric II de Prusse et des trois partages de la Pologne (1772, 1793, 1795), la Russie annexa un territoire de 468.000km2 et 6millions d'habitants; sur le front suédois, le statu quo territorial auquel parvinrent les deux pays en 1788 permit de signer enfin la paix en 1790. Le début de la Révolution française marqua un tournant dans la pensée politique de Catherine II et lui fit totalement abandonner ses vues libérales; en 1793, l'exécution de Louis XVI l'amena à annuler tous les traités signés jusque-là avec la France. En cette fin de XVIIIe siècle, celle qui avait été un modèle de «despote éclairé» apparaissait comme un véritable rempart de l'absolutisme.

La Russie à l'aube du XIXème siècle:

Paul Ier et Alexandre Ier
En 1796, Paul Ier succéda à sa mère. Écarté du pouvoir par Catherine, tenu pour faible, il était animé du désir de venger la mort de son père et commença par prendre le contrepied de sa mère par des mesures très libérales. Ainsi, il fit abolir la Charte de la noblesse de 1785, améliora le sort des paysans et libéra les prisonniers politiques polonais. En politique extérieure, il se joignit à l'Autriche, à la Grande-Bretagne et à l'Empire ottoman dans la deuxième coalition qui se forma contre la France après la prise de Malte par Bonaparte. A la suite des défaites Russes de 1799 en Suisse, il se rapprocha de Bonaparte contre l'Angleterre. Le partie Anglais très puissant à la cour de Moscou le fit assassiné dans son palais en 1801 à la suite d'une conspiration avec la noblesse.
Son fils, Alexandre Ier, eut un règne surtout marqué par une politique tant extérieure qu'intérieure très fluctuante. Il travailla à un projet de réforme de l'État et présenta en 1809 un plan préconisant la séparation des pouvoirs et l'établissement d'une monarchie constitutionnelle. Devant l'hostilité de la noblesse, il dut rebrousser chemin.
Alexandre Ier, est rapidement entraîné dans les guerres étrangères contre l'Empire Français.
En 1805, la Russie se joignit à la Grande-Bretagne, à l'Autriche et à la Suède dans la troisième coalition contre Napoléon Ier. Après que les armées françaises eurent écrasé la Prusse à Iéna puis la Russie à Friedland , le tsar opéra un renversement d'alliance et conclut avec Napoléon le traité de Tilsit en juillet 1807. Aux termes de cet accord, Alexandre Ier reconnaissait la création du grand-duché de Varsovie, et obtenait toute liberté d'action contre la Suède et la Turquie en échange de l'aide qu'il apporterait à la France contre la Grande-Bretagne.
La guerre russo-turque de 1806-1812 lui permit d'obtenir la Bessarabie, la guerre russo-suédoise de 1808-1809 s'acheva par l'acquisition des îles d'Åland et de toute la Finlande. En 1813, une guerre contre la Perse permit à la Russie de s'emparer notamment du Daguestan. Entre-temps, les relations avec la France s'étaient détériorées. Alexandre Ier rompit l'alliance de 1807 et la Grande Armée fut lancée dans la campagne de Russie en 1812. Les troupes françaises franchirent le Niémen le 24 juin, remportèrent la bataille de la Moskova le 7 septembre et entrèrent dans Moscou le 14 septembre. Mais la ville fut incendiée dès le lendemain et les Français durent entamer une retraite qui devint rapidement une véritable déroute. En 1815, au congrès de Vienne, la plus grande partie du duché de Varsovie est attribuée à la Russie, qui dota alors le royaume de Pologne d'une Charte constitutionnelle. La fin du règne d'Alexandre Ier fut marqué par des mesures répressives, le renforcement de la censure, l'épuration des milieux universitaires.