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La campagne de 1794 |
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Depuis un an la
situation militaire et politique de la France au sein de l'Europe s'était
considérablement améliorée. Des armées et des Provinces avaient déjà été
perdues par les coalisés en cette année 1793 et certains gouvernements se
repentaient d'avoir pris part à la coalition. Dans peu de temps on prévoyait
que la coalition se romprait. La Prusse, la Hollande, l'Espagne, les petits
états Allemands et Italiens n'attendaient plus qu'une occasion favorable
pour rompre leurs engagements militaires.
Début 1794 il ne restait plus que quatre états directement intéressés à la continuation des hostilités l'Angleterre, l'Autriche, la Russie et le royaume de Naples.
L'Angleterre dirigée par Pitt était plus que jamais décidée à poursuivre la guerre contre la Révolution Française. En effet cette guerre ne lui avait pas été défavorable. Les Anglais avaient certes été battus à Hondshoote et à Toulon mais sans perdre beaucoup de soldats. A Hondshoote, les Hollandais avaient subi les plus lourdes pertes et à Toulon la flotte anglaise était restée intacte. Les résultats étaient même favorables à l'Angleterre. L'arsenal et la marine de Toulon n'existaient plus. Dans les autres ports les vaisseaux français étaient au mouillage retenus par le manque d'officiers. Nos colonies étaient donc exposées à la menace anglaise. Qu'importait donc à Pitt et à l'Angleterre quelques bataille perdues sur le continent !
L'Autriche était sur le continent l'alliée la plus dévouée de l'Angleterre. Financée par l'or de Pitt, l'Autriche était le bras armé de la coalition. Les échecs de ses armées à Jemmapes et à Wattignies étaient odieux à l'empereur François II qui souhaitait venger celles-ci en conquérant une partir des provinces françaises. D'autre part l'Empereur souhaitait en finir rapidement avec la France car de nouvelles préoccupations l'attiraient du coté de la Pologne dont le second partage s'était fait en son absence en septembre 1793.
La Russie s'agitait beaucoup en paroles contre la révolution Française, promettait plus encore à ces alliés mais ne bougeait pas. Sa seule préoccupation d'alors était le démembrement du territoire polonais.
Le petit royaume de Naples participait activement, dans la mesure de ses forces, aux opérations des coalisés sur terre et sur mer.
La Prusse ne se battait plus qu'avec mollesse, ces intérêts étaient ailleurs en Pologne. Les caisses du royaume de Prusse avaient été vidées, son armée affaiblie par une guerre qui n'aurait d'autre effet que d'augmenter la puissance de l'Angleterre et de l'Autriche. Le royaume de Prusse était donc à la veille d'une défection.
La Hollande était partagée. Toujours mise en avant par les alliés anglais et Autrichiens, elle avait subi de lourdes pertes, ses arsenaux avaient été mis à contribution. Un parti pro-français s'opposait au stathouder Guillaume V attaché à la famille d'Angleterre.
L'Espagne, bien que manquant d'hommes et d'argent, continuait une guerre impolitique par devoir.
Le Piémont ne pouvait demander la paix après avoir perdu deux provinces mais se repentait d'être entré dans cette coalition.
Cette première coalition laborieusement formée par Pitt au printemps 1793 était à la veille de se rompre. Pitt le compris et se résolu à de gros sacrifices pour retenir les coalisés. Il acheta le Prusse par un traité de subsides. 63.000 Prussiens payés 1.250.000 Fr par mois devinrent les mercenaires de la coalition, le roi de Prusse reçu 7.500.000 francs. Pitt fit pression sur le prince d'Orange et obligea la Hollande à fournir son contingent. Pitt promis à l'Espagne et au Piémont la restitution des provinces perdues et de grosses indemnités à la paix générale. Par ces gestes l'Angleterre ranima les défaillances mais les coalisés n'avaient plus la même ardeur qu'en 1793. Tout dépendrait de la campagne qui allait s'ouvrir.
C'est le général Mack qui était chargé de proposer un nouveau plan d'invasion. Cette fois, copiant les principes de Carnot, il allait tenter de faire agir les armées coalisées par masse. Appuyé sur les places fortes de Flandre, Cobourg avec les Autrichiens, les Anglais et les Hollandais prendrait Landrecies puis opérerait sa jonction avec les Prussiens venant des Vosges sur la Sambre. Une fois réunis les coalisés marcheraient directement sur Paris.
L'année précédente le plan aurait pu réussir face à nos recrues mal préparées et mal armées. En ce début 1794, 1.200.000 soldats couvraient la frontière et garnissaient les dépôts de l'intérieur. En unissant deux bataillons de réquisitionnaires à un bataillon de ligne on avait obtenu d'excellents régiments. Les manufactures d'armes, réorganisées par Prieur de la Côte d'Or, produisaient d'étonnants résultats grâce au célèbre fusil modèle 1777, une arme à silex pesant près de cinq kilos baïonnette comprise, de portée théorique 600 mètres et tirant 3 coups en quatre minutes. L'extraction du salpêtre, "le sel vengeur", était devenue affaire de mode, chaque maison en fournissait quelques livres.
La situation de l'armée coalisée
en avril 1794 (floréal an II) était la suivante, sa gauche était au Quesnoy,
sa droite s'appuyait sur l'Escaut, son centre était à Valenciennes et à Cateau-Cambresis.
Elle disposait d'environ 100.000 hommes, un corps de 25.000 hommes commandé
par Clerfayt sur la Lys couvrait Tournai et son aile droite, un autre corps
de 30.000 hommes sous Kautnitz gardait la Sambre et l'aile gauche.
Pichegru, nommé fin 1793, commandait l'armée du Nord, secondé par Souham, Moreau
et MacDonald, il fit l'erreur d'éparpiller ses forces face à Cobourg résolu
à tenir sur tous les points à la fois. La majeure partie de ses forces se trouvait
entre Cambrai et Guise destinée à repousser les coalisés qui avaient commencé
l'investissement de Landrecies. A sa droite Desjardins devait opérer une jonction
avec Charbonnier qui commandait l'armée des Ardennes et se porter contre Kautnitz
alors qu'à sa gauche Moreau et Souham devaient faire diversion en Flandre contre
Clerfayt. Pichegru se réservait le centre sur lequel il projetait son offensive
principale.
Fin avril les attaques simultanées
au centre échouèrent, le 26 avril l'une des colonnes commandées par Chapuis
fut même totalement détruite au combat de Troisvilles face au duc d'York. Ces
échecs entraînèrent la prise de Landrecies le 30 avril 1794.Si
Cobourg avait su profiter de son succès, la route de Paris était ouverte, mais
sa lenteur sauva l'armée du Nord.
Le corps de diversion en Flandre
eut plus de succès dans son entreprise. Les deux divisions de Moreau et Souham
forte de 50.000 hommes sorties de Lilles reprenaient la place-forte de Courtrai
et battaient Clerfayt à Mouscron le 29 avril permettant la reprise de Menin.
Sentant le flanc de l'armée coalisée menacé, Clerfayt tentait sans succès de
s'emparer de nouveau de Courtrai le 10 mai.
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Bataille de Mouscron 29 Avril 1794 Souham et ses brigades MacDonald, Jardon et Daendels enlèvent les hauteurs des moulins de Castel |
Les succès sur les ailes incitèrent Carnot à faire abandonner toutes les offensives au centre pour n'agir que sur les ailes. Pichegru reçu l'ordre de rallier son aile gauche sur toutes ces divisions du centre et d'opérer en Flandre avec ses 50.000 hommes. Quant au 40.000 hommes de Desjardins et Charbonnier formant l'aile droite, ils restèrent sur la Sambre, et seraient renforcer par les 45.000 hommes de l'armée de la Meuse commandée par Jourdan. Ce redéploiement accompli; les coalisés déconcertés ne pouvaient non seulement plus songer à marcher sur Paris puisque maintenant deux armées manœuvraient sur leurs flancs mais encore ils ne savaient qui secourir de Clerfayt ou de Kautnitz. Cobourg choisit la plus mauvaise solution, secourir les deux. Il vint lui-même au secours de Clerfayt contre Pichegru et envoya d'importants renforts à Kautnitz sur la Sambre.
Le 15 mai l'empereur d'Autriche était à Tournay et fixa les modalités d'un "plan de destruction" de l'armée française. Les 50.000 hommes de Pichegru étaient à Mouscron, le dos à la mer, en avant de leur base d'opération située à Lille. Au lieu de couper massivement les lignes d'opération de Pichegru les alliés éclatèrent encore une fois leurs forces en six colonnes qui se dirigeraient concentriquement sur Tourcoing entre Mouscron et Lilles. Souham et Moreau ne restèrent pas immobiles, ils décidèrent de se replier sur Tourcoing pour maintenir leurs communications avec Lilles et demandèrent une attaque combinée au général Bonneau qui couvrait la route Lilles-Tournai. Le 18 mai au matin Souham et ses 45.000 hommes se mettait en marche sur Tourcoing alors que les 16.000 hommes de Bonneaux avançaient sur Roubaix. La colonne alliée du duc d'York, surprise, se trouva ainsi prise entre deux feux et totalement disloquée pris la fuite en direction de Tournai. La déroute fut si complète que le duc d'York manqua être capturé et ne dut son salut qu'à une compagnie Hessoise. Les autres colonnes furent moins malheureuses que celles du duc d'York mais le succès français était bien réel, les 60.000 français venaient de tenir en échec plus de 90.000 alliés et ce même en l'absence de leur général en chef. Pichegru de retour à son armée décida de pousser son avantage en Flandre et établit le siège d'Ypres qui tombait le 17 juin. Son intention était de passer l'Escaut pour menacer la Belgique.
Bataille de Tournai 22 Mai 1794 L'Empereur François II donne au duc de Saxe-Cobourg l'ordre d'attaquer |
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Sur la Sambre Kautnitz avait reçu
en renfort le corps d'armée du prince d'Orange et avait contraint les Français
à repasser la Sambre. Les conventionnels Saint-Just et Lebas arrivaient d'Alsace
et devaient insuffler à l'armée ce fanatisme républicain qui leur avait si bien
réussi sur les Vosges et sur le Rhin. Le sabre à la main, les premiers au feu
et les derniers à la retraite ils avaient mis la victoire à l'ordre du jour
mais ne l'obtenaient pas. Le Comité de Salut Public voulait Charleroi et la
Belgique mais les Autrichiens tenaient sur la Sambre des positions si avantageuse
et avaient des forces tellement imposantes que rien n'y faisait.
Au bout de trois tentatives et de trois échecs, le 10 mai à Grandreng, le 20
mai à Péchaut et le 26 mai à Marchiennes nous avions perdu inutilement 10.000
hommes. Deux autres tentatives permirent de bombarder Charleroi mais l'armée
ennemie n'étant pas défaite il fallu de nouveau se replier derrière la Sambre.
Enfin le 3 juin l'armée de Jourdan arrivait alors que pour la cinquième fois
l'armée des Ardennes était ramenée derrière la Sambre. Le Comité de Salut Public
décida que cette nouvelle armée constituée prendrait le nom d'armée de Sambre-et-Meuse
et que Jourdan en assumerait le commandement.
Le 12 juin Jourdan prenait enfin pied sur l'autre rive de la Sambre et assiégeait
Charleroi. Le 16 juin le Prince d'Orange contre attaque depuis Nivelle et parvient
à repousser les Français une nouvelle fois sur l'autre rive de la Sambre. Cette
première bataille de Fleurus, meurtrière 4000 français pour 3000 alliés, se
passa sur le terrain même ou 10 jours plus tard allait se dérouler la célèbre
bataille de Fleurus. La conséquence immédiate en fut la levée du siège de Charleroi.
Le 18 juin les Français repassaient la Sambre et rétablissait le siège devant
Charleroi. Le siège fut vigoureusement mené et l'artillerie de siège si efficace
que 7 jours plus tard la garnison autrichienne se rendait. Il n'était que temps,
la garnison défilait sur le glacis de la place-forte au moment même où 80.000
autrichiens commandés par Cobourg accouraient à son aide. Cobourg était partie
de Tournai le 21 juin avec l'armée anglaise et la réserve autrichienne. Le 23
il avait assuré sa jonction avec le prince d'Orange à Nivelle et le 26 il allait
livrer bataille aux Français et ce malgré la perte de Charleroi ou peut
être ne le savait-il pas ? Les forces ennemies sous le commandement de Cobourg
se répartissaient ainsi, à droite le 1er corps de 39.000 commandé
par le Prince d'Orange, au centre les 2ème, 3ème et 4ème
corps de forces à peu prés égale (environ 14.000 hommes)
commandés respectivement par Quasdanovitch, Kaunitz et l'Archiduc Charles,
à gauche les 23.000 hommes de Beaulieu formant le 5ème corps soit
environ 103.000 hommes dont 18.000 cavaliers et 111 pièces d'artillerie.
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Bataille de Fleurus 26 Juin 1794 A gauche: A droite : |
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L'armée française de force légèrement inférieure (80.000 hommes dont 12.000 cavalier et 100 pièces d'artillerie) était disposée en arc de cercle autour de Charleroi sur les hauteurs de Fleurus. Elle s'appuyait à la Sambre sur ces deux ailes, Kléber avec 24.000 hommes sur la gauche Marceau et 17.000 sur la droite. Championnet et Morlot au centre avec 17.500 hommes, s'avançaient jusqu'au bourg de Gosselies. En arrière Jourdan avec une réserve de 19.000 hommes et 3000 cavaliers s'apprêtait à marcher au secours des divisions menacées. Pour la première fois des ballons captifs des frères Montgolfier était attaché à l'état major et indiquait avec précision les mouvements de l'ennemi. Nos lignes trop étendues (28 kms) étaient par-là même fragiles, mais Cobourg ne sut en tirer aucun parti car il commit l'erreur de nous attaquer sur tous les points à la fois. La bataille fut acharnée et longtemps indécise coûtant environ 6000 hommes de part et d'autre. Jourdan et sa réserve secourant successivement Championnet au centre puis Marceau à droite. On se bat sur tout le front avec un extrême acharnement, les blés et les baraques s'enflamment, on se charge au milieu de l'incendie. Finalement, aux environs de 18h Cobourg cède et se replie sur Mont-St-Jean en avant de Bruxelles laissant le terrain aux armées de la révolution. La retraite des Autrichiens s'effectue en bon ordre car la cavalerie française épuisée ne peut rien faire face aux escadrons ennemis. La victroire aura un grand retentissement à la Convention où Barrère fera décrèté que les "armées ne cessent de bien méritér de la Patrie". A Institut national de Musique Marie-Joseph Chenier compose le Chant du départ qui sera joué pour la première fois à Paris le 16 messidor.
Les conséquences de Fleurus sont importantes non point sur le terrain puisqu'il ne s'agit en somme que d'une attaque générale repoussée mais surtout parce que les Autrichiens ne pouvaient dorénavant plus livrer de batailles décisives. Menacés par Pichegru et par Jourdan, Cobourg ne pouvait que se replier sur Bruxelles pour tenter de protéger cette ville. Le 29 juin 1794 la Convention crée par décret l'armée de Sambre-et-Meuse en vue d'une offensive puissante sur l'ennemie. Cette armée commandée par Jourdan comprendra l'armée des Ardennes, la gauche de l'armée de la Moselle et la droite de l'armée du Nord. Le 1er juillet Jourdan s'emparait de Mons tandis que Pichegru prenait le port d'Ostende. Ostende était important car c'était alors le principal port de débarquement des Anglais, la ville renfermait toutes leurs munitions, leurs entrepôts et leurs dépôts d'armes. Le 5 juillet Pichegru occupait Gand, Tournai et Audedarde. Le 9 juillet les premiers détachements français entraient dans Bruxelles. Le 11 juillet les deux armées françaises faisaient leur jonction, les 150.000 français présentaient alors une ligne de front continue centrée sur Bruxelles, a gauche Pichegru sur Vilvorden et à droite Jourdan en direction de Namur.
Dès lors les objectifs des coalisés étaient divergents, les Anglais ne songeait plus qu'à gagner la mer et couvrir la Hollande alors que les Autrichiens voulaient gagner le Rhin et se rapprocher de Cologne. Les deux armées révolutionnaires pouvaient, en restant unis, détruire successivement l'un et l'autre mais ellels se séparèrent. Jourdan fut chargé d'achever la conquête de la Belgique en poursuivant les Autrichiens, tandis que Pichegru devait jeter les Anglais à la mer et détacher la Hollande de la coalition.
Plutôt que de poursuivre les Autrichiens l'épée dans les reins et d'exploiter la victoire de Fleurus, Jourdan ne voulut pas pousser jusqu'au Rhin avant d'avoir repris les places conquises en Flandre par les Autrichiens: Condé, Valenciennes, Landrecies et Le Quesnoy. Le 30 août ces quatre places étaient conquises par Schérer qui venait de rejoindre l'armée de Sambre-et-Meuse. Les Autrichiens s'étaient retranchés le long de la Meuse de l'embouchure de la Roër à celle de l'Ourthe. Cobourg vaincu à Wattignie, Tourcoing et Fleurus ne les commandait plus, il avait été remplacé par Clerfayt résigné à la défensive. Jourdan n'avait plus qu'à pousser devant lui les ennemis et à les attaquer de face. Le 18 septembre la droite de son armée commandée par Schérer rencontre et culbute le corps autrichien de Latour qui défendait l'Ourthe lors du combat de la Chartreuse ou combat de Sprimont. Devant ce succès, Clerfayt est obligé d'abandonner ses positions sur l'Ourthe et de se replier sur la Roër sa dernière ligne de défense avant le Rhin. La position est trés fortement défendue, ses deux ailes à Ruremonde et à Dueren encadre son centre situé sur le plateau de Aldenhoven qui domine la plaine. Le 2 octobre 1794, Jourdan attaque les positions de Clerfayt sur toute la ligne et remporte la victoire d'Aldenhoven qui nous valut la rive gauche du Rhin. Clerfayt n'essaya pas de prolonger la résistance il évacua Cologne et Bonn, le 6 octobre Jourdan entrait dans Cologne. La place-forte de Maëstrich complètement isolée et assiégée par Kléber allait se rendre rapidement avec 8000 hommes, 350 canons et d'immense approvisionnement le 4 novembre. Pour l'armée de Sambre-et-Meuse qui vient d'entrer dans la légende la campagne est terminée.
Pichegru a pour ordre d'attaquer le Brabant, de s'avancer jusqu'à la Meuse puis d'entrer en Hollande. Le 10 septembre, Pichegru culbute l'arrière garde du duc d'York à Boxtel sur la Dommel mais hésite et laisse les troupes anglaises se retirer en bon ordre vers Grave. Carnot intervient et donne l'ordre à Pichegru de passer la Meuse. L'armée du Rhin reprend sa marche sur les talons du duc d'York qui, ayant appris la défaite de Sprimont préfère se replier sur Nimègue. Moreau qui remplace Pichegru malade, investit la ville pendant que les Anglais l'évacuent en catastrophe et prennent position en arrière de la rivière Wahal. Malgré plusieurs attaques, l'armée du Rhin ne pourra prendre la ligne de la Wahal et cantonnera dans la région de Breda la fin de l'année 1794.
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Attaque de Bommel 12 Décembre 1794 Attaque par les Français de l'ile de Bommel entre la Meuse et la Wahal |
Après la reprise de Wissembourg et la conquête du Palatinat pendant l'hiver 1793-94, l'armée de Rhin-et-Moselle sous la conduite de Hoche va être scindée en deux : l'armée du Bas-Rhin du général Michaud et celle de la Moselle du général Moreau. Saint-Just craignant l'ascendant exercé par Hoche sur ses soldats l'arrêta brusquement et l'envoya croupir dans la prison des Carmes. L'armée du Bas-Rhin qui comprend quatre divisions dont une aux ordres de Desaix est composée d'environ 38.000 hommes stationnés dans la région de Spire d'est en ouest entre le Rhin et Neustadt ; celle de Moselle également composée de quatre divisions comprend 36.000 hommes échelonnés du nord au sud entre Kaiserslautern et Sarrebruck. Le 23 mai, le général Prussien Möllendorf lance une attaque sur Kaiserslautern isolé au milieu de la ligne ennemie. La division française d'Ambert doit se retirer rudement malmenée sur Pirmasens. L'armée du Bas-Rhin, à découvert doit se replier derrière la rivière Queich entre Gehersheim et Landau, la liaison entre les deux armées se faisant par Annweiler. Début juillet Gouvion St-Cyr est nommé divisionnaire à l'armée du Bas-Rhin qui devient armée du Rhin. Le 2 juillet sur ordre des représentants en mission de la Convention une offensive des deux armées combinées échoue. Menacé des foudres de la République par les Représentants en mission, Moreau et Michaud reprennent l'offensive le 12 juillet et parviennent à repousser Mollendorf qui se retire sur Alzey au sud de Mayence. Hohenlohe repasse le Rhin à Manheim. Les armées du Rhin et de la Moselle sont renforcées par des éléments venus des Alpes et de Vendée et voient leur effectif porté à 50.000 hommes. Le nouvel objectif de Moreau est maintenant de prendre Trêves qu'il occupe le 8 août. Début septembre les forces austro-prussiennes de Möllendorf et de Würmser tentent une offensive qui s'arrête rapidement à la nouvelle de la défaite de Sprimont. Kaiserslauterne est repris, la place-forte de Worms tombe le 18 octobre et le 2 novembre l'armée de Moselle fait jonction avec l'armée de Sambre-et-Meuse à Coblence. Les deux armées réunies arrivent devant Mayence et en entreprennent le siège qui durera plus de deux ans.
Dans les Pyrénées occidentales
les 15.000 français aux ordres de Muller échelonnés entre
les sources de la Nives et Saint-Jean de Luz subissent en ce début d'année
les offensives sans gros résultats des espagnols de Caro. Une offensive
destinée à menacer Pampelune et Irun est prévue pour début
juillet. L'offensive générale ne sera déclenchée
que le 1 août, San Sebastian, Hernani et Tolosa sont prises. Muller prenant
le commandement de l'armée des Alpes est remplacé par Moncey futur
maréchal sous l'Empire. Moncey souhaite consolider ses positions mais
les représentants en mission lui intiment l'ordre de reprendre l'offensive
sur toute la ligne espagnole de l'Atlantique à Ronceveau. L'offensive
reprend donc le 16 octobre sans amener de réel gain aux armées
républicaines. Tolosa restant le point le plus avancé d'occupation
française.
Dans les Pyrénées
orientales, Dugommier, secondé par Dagobert, instruit ses 48.000 hommes.
Sous ses ordres des noms qui deviendront célèbres sous l'Empire
Augereau, Perignon et Victor Perrin, tous futurs maréchaux. Les Espagnols
commandés par le comte de la Union disposent de 35.000 hommes situés
au camp du Boulu et à Collioure. Le 30 avril l'offensive française
commence, Augereau par une manoeuvre de diversion tente d'attirer les Espagnols
dans la montagne tandis que Pérignon prend le camp du Boulou. Augereau
déclenche alors son attaque le 6 mai et occupe St Laurent de la Mouga,
le centre et la gauche française se portent alors sur Collioure et Port-Vendres.
L'ennemi capitule le 29 mai. Le 18 septembre, avec la libération de la
ville de Bellegarde, tout le territoire français est libéré.
L'armée française cantonne dans des conditions difficiles, pour
manger elle doit aller de l'avant. Le 17 novembre l'attaque a lieu, des le début
de l'attaque Dugommier tombe mortellement blessé par un boulet ennemi,
Pérignon prend le commandement les colonnes françaises progressent,
en tentant d'arrêter l'avance française le général
espagnol de la Union est tué et la retraite des troupes espagnoles se
transforme en déroute, ils perdent 10.000 hommes, 8.000 prisonniers et
30 pièces d'artillerie, la ville de Figueras découragée
capitule.
L'armée d'Italie se prépare
à l'offensive en ce début d'année 1794. Sous les ordres
de Dumerbion, vieux soldat qui ne dispose que de trois divisions de 10.000 hommes,
il y a le divisionnaire Massena qui occupe la côte de Fréjus à
Menton et le brigadier Bonaparte qui commande l'artillerie. En face les 35.000
Piémontais sont soutenus par un corps de 8.000 Autrichiens et un corps
de 18.000 Napolitains est attendu en renfort. Le plan conçu par Carnot
consiste à tourner les Piémontais en longeant la côte jusqu'à
Oneille puis à se rabattre sur leur arrière en remontant par la
vallée de la Taggia. Cette manoeuvre dite de Saorgio se déclenche
le 6 avril 1794. Mi-mai, le col de Tende et les crêtes sont aux mains
des français qui ont ainsi complètement dégagé le
comté de Nice.
L'armée des Alpes commandée
par le général Dumas aligne environ 40.000 hommes face au duc
de Montferrat et au duc d'Aoste qui tiennent les vallées de Suze et de
la Stura et le val d'Aoste. Le 23 avril le col du Petit Saint Bernard est pris
par les Français. Le mois de mai verra les troupes républicaines
reprendrent les hautes vallées de la Tinée, de la Stura et de
la Doire Ripaire ainsi que le col du Mont Cenis.
Fin mai le Comité de Salut Public veut maintenant envahir le Piémont,
cette opération qui portera le nom de manoeuvre de Dégo devra
être menée conjointement par les armées d'Italie et des
Alpes. Le 30 juin la manoeuvre commence, des éléments français
de la division Macquard descendent le col de Tende en direction du nord repoussant
les forces piémontaises sur la rive gauche de la rivière Gesso.
Le 7 août Massena occupe Boves et se prépare à prendre Coni
quand l'offensive est stoppée à la nouvelle du 9 thermidor. L'armée
d'Italie revient vers la côte pour y prendre ses quartiers d'hiver.
Soldats de la République |
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L'année 1794 se termine bien, la Belgique est conquise, Maestricht, Cologne, Bonn et Coblence sont occupées, le Luxembourg et Mayence sont investis "les armées de la République bordent le Rhin de leurs drapeaux victorieux et présentent une ligne formidable à la coalition vaincue". En Italie la nouvelle du 9 Thermidor avait rendu à peu prés stérile la campagne de 1794. Dans les Pyrénées les Espagnols sont repoussés hors du territoire national.