Elisabeth de France
3 mai 1764 (Versailles) - 10 Mars 1794 (Paris)

"Moi je vivrai jusqu'à quatre vingts ans à moins qu'on m'assassine "
Portrait par Elisabeth Vigée Le Brun en 1782

Une vie sacrifiée

 

Il est, dans les plus hautes sphères sociales, des femmes dont toute la vie n'est qu'abnégation; elles évitent le bruit, l'éclat, la célébrité avec autant d'empressement que d'autres les recherchent. Leurs plus belles parures , c'est la vertu modeste, l'humble charité. Ne cherchez, dans leur existence, ni incidents romanesques, ni épisodes curieux, ni aventures merveilleuses, ni péripéties inattendues : leurs actes, leurs physionomies n'offrent aux dramaturges et aux conteurs rien d'étrange, d'inconvenant, d'échevelé ou de pittoresque.
L'accomplissement du devoir, la piété calme et sincère, la bienfaisance sans affectation, la dignité sans raideur, le courage sans faste :
Voici décrits en quelques mots l'essentiel de la vie de Elisabeth Philippine Marie Hélène de France dite Madame Elisabeth huitième et dernier enfant du dauphin Louis Ferdinand et de Marie-Josèphe de Saxe, soeur du roi Louis XVI auquel elle apportera un soutien inébranlable.

 

L'enfance orpheline d'Elisabeth

Trois ans s'étaient écoulés depuis que M. le Dauphin avait perdu son premier né le duc de Bourgogne agé de 9 ans. Il semblait que la douleur que madame la Dauphine en avait éprouvée, eût détruit en elle la fécondité. Cependant vers la fin de 1763 les médecins annoncèrent qu'elle allait encore être mère,
Ce 3 Mai 1764, il est deux heures du matin et le jour qui s'annonce promet d'être beau, d'autant plus que c'est un jour de fête, celle de la Sainte-Croix. Marie Josephe de Saxe aime cette periode du mois, très pieuse elle ne rate pas cette fête là....mais aujourd'hui elle ne sera pas au rendez vous... Avec le jour, une petite fille frèle et délicate viendra agrandir une famille deja composée de sept enfants. Son nom ? Elisabeth Philippine Marie Hélène. Mais on l'appellera Elisabeth.

Devant cette clemence divine Marie-Josephe conduira sa fille comme une offrande devant le fonds batpismaux le jour même à la chapelle de Versaille en présence de son Grtand-Père le roi Louis XV et de sa Grand-Mère la reine Marie Lesczynska.

Peu de temps après sa naissance, le Dauphin et la Dauphine vinrent à Paris, en l'église Notre-Dame, remercier Dieu pour leur avoir accordé une seconde fille les Parisiens se portaient alors en foule sur les pas de la famille royale. Le duc de Berry, futur Louis XVI, voyait dans l'arrivée de sa petite soeur un bienfait destinée à adoucir les infortunes qu'il devrait partager; mais on était loin à cette époque d'imaginer le sort qui était destiné à ces deux héritiers de la famille royale.

Pour l'heure la chétive existence de cette enfant était en péril, et ce ne fut qu'à force de soins, de tendresse, et de nuits de veille qu'elle fut disputée à la mort.
La petite fille sera l'objet de toutes les attentions, Louis XV son grand père touché par sa fragilité aimait à la regarder et avait prit l'habitude de l'appeler en souriant "Madame Dernière", il s'informera chaque jour scrupuleusement sur sa santé et ses progrés.

 

1764

Le dauphin Louis Ferdinand

 

la dauphine Marie-Josèphe de Saxe.

 


Au printemps 1765 le dauphin tombe malade et est très rapidement attaqué d'une toux presque continuelle; malgré les soins de la part des médecins la pneumonie se déclara et rien ne put l'arracher au trépas: il mourut de la tuberculose à Fontainebleau le 20 décembre 1765.

Pénétrée des devoirs sacrés que lui imposait la perte de son époux bien aimé Madame la Dauphine essaya de surmonter sa douleur pour se dévouer à l'éducation de ses enfants. Élisabeth, qui n'avait que dix-huit mois, et dont le tempérament était toujours extrêmement délicat, occupait particulièrement sa vigilante sollicitude. Un peu rassurée sur la santé de sa dernière-née, dont le pâle visage se colorait de jour en jour d'un rayon de vie, la Dauphine songea à se tracer pour l'instruction de ses enfants un plan de conduite et d'étude rigoureux et se promit de s'y maintenir. Elle chercha les éléments dans une liasse de papiers laissés par leur père avec cette suscription: «Écrits pour l'éducation de mon fils de Berry.» . Un peu comme si le Dauphin avait voulu au delà de sa mort prodiguer ses conseils.

L'examen de ces documents, qu'avec un sentiment pieux Marie Joseph appelait son trésor, ne se terminait jamais sans larmes; ni sans prières, mais malgré tout elle se consolait trés vite, étant persuadée que l'âme de son bien aimé la guidait. Avec le concours d'une personne éclairée et discrète, elle en tira des notes, des observations, des conseils qu'elle fondit dans un plan d'étude suivi, dont elle médita longuement chaque article. Ce labeur occupa sa première année de deuil, et elle s'y était appliquée avec tant d'attention qu'elle avait appris par cœur quelques préceptes touchants afin de les enseigner à ses fils.

Versailles.....vendredi 13 mars 1767 supertition?.....présage?..Destin?...qu'importe le la malédiction s'abattait une seconde fois sur la maison royale. Marie-Josephe de Saxe était emportée elle aussi à 36 ans par la tuberculose qu'elle avait très certainement contacté deux ans plus tôt en s'occupant avec dévouement du Dauphin. Elisabeth avait perdu son père et-sa mère, elle n'avait pas encore atteint sa troisième année.

 

Une éducation partagée

Funeste destin pour cette petite princesse.
Élisabeth de France fit donc ses premiers pas au sein d'une famille en deuil. Sa première compagne de jeu fut sa sœur de six ans son aînée Clotilde de France, que son embonpoint avait fait méchamment surnommée par la cour "gros-Madame". Privée de ses deux parents, le cœur de Elisabeth, peut être par compensation, s'ouvrit à l'amour fraternel qui devint sa passion dominante. Elle aimait certes sa soeur et ses trois frères avec la plus vive tendresse ; mais ses plus chères affections étaient dès son enfance pourLouis Auguste, Duc de Berry devenu Dauphin. En 1770 elle n'a que six ans lorsque son frère agé de 16 ans épouse l'archiduchesse d'Autriche Marie-Antoinette

Durant toute cette petite enfance, la princesse passera beaucoup de temps avec sa tante Madame Louise qui quittera la cour en 1771 pour devenir religieuse.

Madame la Dauphine avait en mourant recommandé les deux princesses, à son amie la comtesse de Marsan. Les petites orphelines, furent donc entièrement livrées aux soins de Madame de Marsan gouvernante des Enfants de France. Les enfants se rapprochèrent instinctivement de la personne qui leur était la plus proche dans leur vie quotidienne, leur gouvernante qui aimait se faire appeler par ses pupilles "La petite chère amie" que le comte de Provence qui l'aimait beaucoup présentait comme sa "chère petite maman".

Elisabeth enfant avec son carlin.

1770

François Hubert Drouais


Madame de Marsan voyait dans cette premiere tâche de son programme une occasion pour cerner au plus juste la personnalité des deux petites filles. Les deux soeurs étaient en effet très différentes. Autant Marie-Clothilde était applliquée, sage et disciplinée autant Elisabeth pouvait être distraite, têtue et colérique.

Fière et dédaigneuse, facile à irriter, même par les plus simples remontrances, accessible à la colère: telle était la jeune princesse chez qui Madame de Marsan devrait à force d'art et de patience corriger la nature rebelle. Devant cette immense tâche la comtesse avait senti qu'elle avait besoin d'aide pour la seconder dans la réforme qu'elle avait à cœur d'opérer. Elle jeta les yeux sur madame la baronne de Mackau dont la fille Angélique de Marckau, future marquise de Bombelle, était amie avec Elisabeth. Madame de Marckau fut donc nommer sous-gouvernante pour prendre en charge l'éducation d'Elisabeth. Elle sut conquérir l'affection de la princesse par son esprit maternel qui manquait à Mme de Marsan.

Le deuxième objectif des instructrice était de consolider l'éducation des jeunes princesses.
Les heures d'étude étant fixées c'était pendant les récréations que ses élèves apprenaient à exprimer leurs pensées agréablement, à se former le goût ainsi que le raisonnement.
Madame de Marsan fit composer exprès des petites pièces offrant des exemples de vertu pour être jouées par les princesses elles-mêmes et par leurs jeunes compagnes ; c'était encore dans les heures de récréation qu'elle permettait, en les surveillant, les représentations de ces petites comédies, dont elle distribuait ou refusait les rôles, selon le plus ou le moins de contentement qu'elle avait éprouvé de la part de ses intéressantes élèves.


En 1775 Elisabeth, agée de 11 ans, se montrera fort attristée par le départ de sa soeur Marie-Clothilde qui part à Turin épouser Charles-Emmanuel de Savoie futur roi de Sardaigne.

Madame de Guémené remplaça dans l'année 1778 Madame de Marsan. L'éducation de la princesse, bien commencée, n'offrit a la nouvelle gouvernante aucune difficulté. La route à suivre était tracée, et Elisabeth est devenu une élève docile et attentive autant que brillante. Madame Elisabeth sût bientôt s'attacher Madame de Guémené par une amitié sincère, par une aimable docilité, et l'institutrice goûta près de son élève le bonheur que la jeune princesse répandait autour d'elle.

Quelques mois plus tard, tandis que la princesse assiste au sacre de son frère, le jeune Louis XVI, en la cathédrale de Reims, sa sœur "Madame Clotilde" est mariée au prince de Piémont. La jeune Élisabeth, à peine âgée de 11 ans, voit avec peine sa sœur dont elle était très proche, quitter Versailles pour Turin.

Bénéficiant d'une instruction complèt elle est passionnée par les mathématiques et les sciences à tel point que sous l’égide de son maître de mathématiques Antoine-René Mauduit, elle aurait mis au point une table préparatoire à l’étude des logarithmes dont la précision était telle qu'elle aurait été utilisée par les astronomes et les navigateurs. Egalement sportive, passionnée d'équitation elle adore suivre ses frères à la chasse. Artiste, elle montre également de réelles disposition pour le dessin et le musée de Versaille conserve encore quelques une de ses oeuvres. Elle joue également de la harpe mais chantait extrêmement faux. Elle partage avec son frère Louis-Auguste, qui joue toujours le grand frère protecteur, le gout de la lecture et possède une bibliothèque très fournie de 2075 volumes sur l’histoire antique, la politique… Vive, active et rapide, elle étonne son entourage par la diversité de ses talents et la fermeté de son caractère.

Montreuil

L'âge du mariage ou d'un établissement conforme à son rang approche, Élisabeth est devenue à present une superbe jeune femme. On envisage un moment l'établir en la mariant à un infant d'Espagne, puis à l’Infant du Portugal, Charles-Philippe de Savoie. On pensa méme à l’empereur Joseph II en 1777 le, frère de Marie-Antoinette deux fois veuf mais sans enfant et de 23 ans son aîné,il eut l'occasion de la voir lors de son premier voyage en France. Il fut charmé par son caractère et son esprit l'empereur se disposait aussi à demander sa main. Une intrigue de cour l'en détourna. Elisabeth n'approuvait pas en secret ces projet mariage; mais, soumise elle s'y fût conformée , si le roi l'eût exigé d'elle. Elle en vit les non aboutissements avec plaisir.

Faute de prince à lui faire épouser, elle obtint donc de Louis XVI de pouvoir rester à Versailles. Le roi lui proposa alors la charge de coadjutrice de la prestigieuse abbaye de Remiremont en succession de leur tante Christine de Saxe mais elle se désintéressera de devenir abbesse, préférant les joies de la Cour et la compagnie de son médecin et ami de cœur, le docteur Dacy avec qui elle aurait vécu un amour platonique.

Certains sont d’ailleurs persuadé qu’Elisabeth entrera en religion comme sa tante Madame Louise. Mais bien que très croyante, la sœur de Louis XVI n’a pas de vocation religieuse. Un jour, la princesse déclarera « Je ne puis épouser que le fils d’un roi, et le fils d’un roi doit régner sur les Etats de son père. Je ne serais plus française, et je ne veux pas cesser de l’être. Mieux vaut rester ici, au pied du trône de mon frère, que de monter sur un autre ».

En 1779, la princesse qui a 15 ans obtient l'autorisation d'avoir sa propre maison et des revenus en propre. Avec l'accord du roi, elle nomme immédiatement son amie Angélique de Mackau première dame d'honneur. Consciente de son rang et de ses devoirs, pieuse, charitable et dépourvue de coquetterie tout en ayant un fort caractère, Madame Élisabeth s'entoure de personnes réputées pour leur moralité. Jamais les nombreux médisants ne pourront la prendre pour cible.

En 1782, Louis XVI fait don à sa sœur d’une grande demeure à Montreuil, non loin du chateau de Versaille où Madame Elisabeth régnera comme la reine tient sa cour à Trianon. Elisabeth y fait des travaux d'aménagement, reçoit ses amies, plus particulièrement sa chère Angélique de Mackau devenue marquise de Bombelles qu’elle surnomme « Bombe ». La princesse est aussi la bienfaitrice des habitants de Montreuil : elle distribue le lait, les œufs et les légumes de sa maison aux enfants et aux personnes dans le besoin, rend visite aux personnes malades accompagnée d’un médecin.

Elisabeth de France

1782

Elisabeth Vigée Le Brun

 

Elle partageait son temps entre des actions de bienfaisance et l'étude et cela lui convenait trés bien.Ses récréations étaient consacrées aux arts, à la peinture surtout, pour laquelle elle avait un rare talent; La société de ses amis était tout son bonheur, et elle faisait celui des personnes qui l'approchaient. Son esprit, sa gaieté, son amabilité,ses grâces, ses connaissances variées, lui attachaient tous les coeurs: il était impossible de ne pas l'aimer. Elle savait se dérober aux hommages adulateurs, et voilait en quelque sorte ses qualités aimables aux yeux des courtisans. Aussi sut-elle se prémunir contre la malignité du siècle, et empêcher la calomnie d'approcher d'elle. Elle ne pouvait rester un seul instant sans s'occuper, et le travail manuel ne lui était
point étranger; elle excellait surtout dans la broderie, qu'elle se plaisait a orner de dessins. Elle ne sera jamais proche de sa belle soeur la reine Marie-Antoinette.

A la mort de Madame Sophie (fille de Louis XV),en 1782 elle s'enferme dans une sorte de mélancolie et elle versa encore plus dans la religion. A tel point d'ailleurs, que le roi et la reine croiront sans problème la rumeur selon laquelle elle aurait le projet de fuguer pour s'enfermer chez les carmélites. En vérité, Mme Elisabeth est fascinée par la vie conventuelle certes, mais elle se garde bien de passer le pas...

 

La Révolution au nom de son frère

"Louis XVI est mort pour les Français Madame Elisabeth mourra pour son frère"
Voilà comment pourrons nous définir le lien qui nouait ces deux êtres, lié par le ciment de la religion et du sacrifice.

Bien qu’intelligente, Madame Elisabeth ne s’engage pas trop en politique et évoque à peine dans sa correspondance l’affaire du collier qui éclabousse la reine. Elle tient cependant à rester, à la cour auprès de son frère et respecte son serment de ne jamais se séparer de celui-ci, même quand Louis XVI lui proposait de suivre ses tantes à Rome. Elle vouait pour ce frère une abgnegation totale au point de tout abondonner, même sa liberté. Un frère aimant tendrement sa sœur, ayant pris l'habitude d'avoir en elle la plus extrême confiance, fondée sur l'estime due à ses vertus.

Elle ne veut pas être mise de côté, elle cherche à être utile, à être actrice des évènement et non à les fuir, à donner un sens à sa vie. Connue pour sa grande piété, Madame Élisabeth avait subi l’influence de ses Mesdames tantes, filles de Louis XV, qui lui avaient inculqué une grande dévotion, sans cependant altérer en elle une certaine liberté d'esprit, y compris dans le domaine de la religion. Elle ne se mariera pas, mais n'entrera pas non plus au couvent.
Sa vocation .... est de protéger son frère.
Rester avec les siens, le roi, la reine et leurs enfants devient pour nôtre petite Madame une obsession. Dans les dernières années de l'Ancien Régime, comme avertie de la tragédie, elle se prépare pour les secourir. Le mot sacrifice n'aura jamais prit plus de sens que pendant la periode Révolutionaire.

Elisabeth de France à la veille de la révolution

1788

Adelaïde Labille-Guiard

 

1789 arrive et bien qu'elle ne prenne pas part aux débats politiques, Madame Elisabeth comprend bien que son monde est en train de s’effondrer. Elle s’est fait parvenir des journaux et des libelles qui en disent long sur la fin de la monarchie. Après la chute de la Bastille, Elisabeth hâte le départ de sa chère Angélique de Bombelles le 1er aout. 1789. Les deux amies sont néanmoins bien loin de se douter que c’est la dernière fois qu’elles se voient. Elles échangeront encore les lettres espérant toujours pouvoir se retrouver. A partir de cette année, Elisabeth sera présente a chaque instant auprés de la famille royale, les assistera et les réconfortera. Refusant de les abandonner, face au danger qui menace alors que nombre de nobles fuit alors la France pour l'étranger. Cela dit, elle était tellement pétrie et entichée de religion que cela s'accompagnait certainement d'un goût morbide pour le martyre .

Elisabeth dirigera et construira toute son existence d'aprés ses choix de vie, et ses convictions. Elle établira une ligne de conduite stricte et sans appel ne laissant aucune place à l héstation ni au regret. Etre maitre de son destin aurait pu être sa devise elle en fera en tous les cas sa ligne de vie. Après le 6 octobre 1789, alors qu’elle aurait pu se retirer avec ses tantes au château de Bellevue près de Meudon, elle choisit de partager le sort de son frère . Elle disposera désormais d’un appartement aux Tuileries à Paris.


Malgré les apparences, c’était une femme de caractère, mature et réfléchie, qui tenait parfois tête à son frère qu'elle trouvait souvent immature ou à sa belle-sœur Marie-Antoinette. Leurs affrontements portaient sur des choix de stratégie politique, la princesse adoptant une position ultra, sans la moindre concession aux partisans d’une monarchie constitutionnelle.
Dès 1790, elle soutenait le principe d’une alliance des émigrés avec les puissances étrangères dont elle attendait le salut. Par l’intermédiaire du comte de Virieu, entre autres personnes, elle correspondait régulièrement avec le comte d’Artois, son frère, dont elle partageait les idées. Une de ses lettres au comte d’Artois fut découverte un jour sur un officier qui la transportait, et la missive fut remise pour examen à l’Assemblée Nationale. La princesse disait du roi qu’il se laissait conduire par ses ministres vendus à l’assemblée, et qu’il n’y avait rien à espérer sans aide extérieure. Elle recommandait au comte d’Artois d’agir par lui-même, l’engageant à mettre les autres souverains d’Europe dans leurs intérêts. Car, disait-elle, "Louis XVI est si faible qu’il signerait sa propre condamnation si on l’exigeait de lui." Elle s’opposa également à la constitution civile du clergé et à toute mesure qui diminuait les prérogatives royales.

 

Madame Elisabeth

1790

Elisabeth Vigée Le Brun

Et si nous parlions de son rôle dans la Révolution?
En fait il faut reconnaitre que beaucoup de personnes ne pensait pas que Madame Elisabeth était une menace en soi .

Le 20 juin 1791 , Madame Elisabeth est mise au courant du projet d’évasion qui doit avoir lieu la nuit même. La fuite s’arrête, comme chacun le sait, à Varennes. Le voyage du retour vers la Capitale est un supplice pour Elisabeth qui voit son frère et Marie-Antoinette hués par la foule.

Un an plus tard exactement, 20 juin 1792, le peuple de Paris forçait les portes du palais des Tuileries pour intimider Louis XVI et l’inciter à suspendre son veto maintenu sur diverses mesures préconisées par l’assemblée. Confondue avec la reine, Élisabeth avec une détermination sans faille fit face aux émeutiers sans les détromper sur son identité.

Le 10 aout, 1792 la famille royale est contrainte de quitter les Tuileries pour trouver refuge auprès de l’Assemblée qui siège au Manège. Le roi est immédiatement suspendu par l'Assemblée législative. Le 12 aout l’Assemblée décréta que "Louis Capet, son épouse et leurs enfants (Louis Charles et Marie Thérèse), ainsi qu’Élisabeth, seraient détenus jusqu’à nouvel ordre à la Prison du Temple" toujours fidèle à son serment elle choisit de rester avec son frère et sa belle-soeur. Le 13 aout, Louis XVI et ses proches prennent la direction du Temple, palais du duc d’Angoulême (fils du comte d’Artois), vide depuis l’exil du frère du roi. La famille royale est logée dans la tour. Le 21 septembre 1792, la monarchie est abolie. La vie devient plus difficile pour Elisabeth qui subi les humiliations des gardes. Pourtant, si Marie-Antoinette juge que les français doivent être punis, Madame Elisabeth espère qu’ils seront pardonnés par dieu. Dés lors, Madame Elisabeth n’est plus qu’Elisabeth-Marie Capet.

Il y avait beaucoup plus en elle, Elisabeth-Marie Capet est une personne convaincue de l'importance de la majesté royale et de la sacralité de la Couronne. Il était donc de son devoir d'être entièrement dévouée au Roi. D'autre part elle et son frère vivront très douloureusement la remise ne question de leur foi.

Minée par des nuits sans sommeil depuis les événements d’août et les massacres de septembre 1792, elle se métamorphosa physiquement. Un chirurgien du comte d’Artois qui la visita à l’époque du procès de Louis XVI dit qu’elle était devenue « méconnaissable ». Une lettre de la marquise de Bombelles – informée par sa fille Mme Alissan de Chazet qui communiquait en secret avec les prisonniers – donnait ces nouvelles au marquis de Raigecourt, époux de sa meilleure amie : "J’ai eu comme vous les mêmes informations sur notre malheureuse princesse, sa maigreur est, dit-on, effrayante, mais la religion la soutient, et elle est l’ange consolateur de la reine, de ses enfants ; espérons qu’elle ni les siens ne succomberont à tant de maux. Comment pourrait-on se plaindre en ayant l’imagination remplie du douloureux tableau des habitants du Temple ?" . À la Prison du Temple, Élisabeth continua à communiquer avec l’extérieur, par l’intermédiaire de Mmes Thibault, Saint-Brice et de Jarjayes.

La Révolution : la dernière année

Le roi fut guillotiné le 20 janvier 1793.

Début juillet, pour parer à toute tentative d’évasion, le jeune Louis-Charles fut séparé de sa mère et de sa tante. Marie-Antoinette confiera dans un ultime geste de désespoir sa fille à Madame Elisabeth. Sur décret de Barère, rapporteur du Comité de salut public Marie-Antoinette fut renvoyée au tribunal révolutionnaire et transférée à la Conciergerie le 1er aout 1793. La Convention avait d’abord prévu qu’Élisabeth "Capet" serait expulsée de France. Mais des documents cités en octobre 1793 lors de l’instruction du procès de Marie-Antoinette, devaient entraîner un décret de renvoi de la prisonnière devant le Tribunal révolutionnaire.
A l'hivers 1793 on semblait l’avoir oubliée. Ignorant encore l'éxécution de sa belle-soeur, Élisabeth partageait sa cellule avec sa nièce de 15 ans sur laquelle elle veillait depuis juillet lui inculquant les valeurs chrétiennes auxquelles elle était très attachée.

Pour un certain nombre de députés, dont Robespierre, Madame Élisabeth ne présentait pas un grand risque pour l’avenir de la République. Mais avec la guerre souterraine que se livraient les membres des comités, la répression se montrait de moins en moins sélective dans le choix de ses victimes. La « sœur du tyran » donnait l’occasion à la police politique de concocter un procès démagogique, nullement équitable, au terme duquel Élisabeth devrait être condamnée à la peine de mort.

Au soir du 9 mai 1794, on vient la chercher. Après des ultimes recommandations à Marie-Thérèse, Elisabeth est conduite à la Conciergerie. Après Louis XVI et Marie-Antoinette, s’ouvre le « procès » de la sœur du roi. Madame Elisabeth est humiliée par ses juges, mise plus bas que terre. On l’accusera surtout d’avoir fait parvenir des diamants à son frère le comte d’Artois pour organiser la contre-révolution et rétablir la monarchie. À l’accusateur public qui la traitait de « sœur d’un tyran », elle aurait répliqué : « Si mon frère eût été ce que vous dites, vous ne seriez pas là où vous êtes, ni moi, là où je suis ! »
Mais tout est joué d’avance pour Elisabeth. En écoutant la sentence de mort, la princesse reste digne.Elle n'a pas le droit de flencher...aprés tout elle est la soeur du roi. Elle doit être exécutée le lendemain, elle n’a que 30 ans à peine.

Elisabeth n'a toujours vu dans la Révolution que mensonge et illusion. Elle a toujours déploré la faiblesse de son frère, et n'a jamais pu y remédier. Ange consolateur, grande figure de la résistance spirituelle à la persécution antichrétienne, elle en est aussi l'exhortatrice. Le 10 mai 1794 (20 floréal an II), jour de son exécution, après sa "toilette funèbre" elle continuera à réconforter ses compagnes et compagnons d'infortune. Elle sauvera la vie d'une d'entre-elles, Madame de Sérilly, en la convaincant de révéler un possible début de grossesse. Sur le chemin de l'échafaud, elle exhortera à la mort ses compagnons de supplice.
Un gardien, nommé Geoffroy a relaté que tous, comme attirés par une force surnaturelle, venaient se grouper autour d'Élisabeth « À chacun elle disait un mot, une phrase, qui venaient du plus profond de son cœur ». Elle réconforte les condamnés qui vont eux aussi passer sous le couperet de la guillotine, leur disant qu’ils doivent être bienheureux de quitter « cette terre où il n’y a aujourd’hui que tourments et douleurs ». Avant son exécution elle réclamera sans succès la présence d'un prêtre que Fouquier-Tinville refusera avec dérision s'exclamant "Bah! Bah! Elle mourra bien sans la bénédiction d'un capucin!"

Le 10 mai 1794, elle fut conduite en charrette à la place de la Révolution, la dernière d’une « fournée » de 25 personnes. C'est à ce moment qu'elle apprend de ses compagnons d'infortune le sort de sa belle-soeur exécutée le 16 octobre précédent. Dès la sortie des charrettes de la Conciergerie, la foule criait et vociférait à son habitude... mais lorsqu'elle vit la frêle jeune fille en blanc , calme, un fichu sur la tête (dernière coquetterie pour cacher l'horrible coupe des condamnés) poussant ses "camarades de charrette à rester digne, dans la foi, calme et serein.... et bien croyez le ou pas cette même foule fit silence... Comme Fouquier-Tinville l'avait voulu Mme Elisabeth, en tant que princesse du sang, devait être la dernière à monte sur l'échafaud ; avant elle 24 autres personnes mouraient sous la guillotine, tandis qu'elle récitait le De Profundis.

Ainsi par ce cruel délice révolutionnaire elle assista à la mort brutale des personnes de tout âge, de tout sexe et de toute condition qui l'accompagnaient. Les révolutionnaires acharnés souhaitaient peut-être la voir craquer... Louis XVI et Marie Antoinette étaient morts avec dignité et avaient gâché le "spectacle" des ardents détracteurs de la famille Royale. Avec Madame Elisabeth ils comptaient sur son âge et le choc émotionnel de la "boucherie" de l'échafaud... ils n'eurent pas ce plaisir. Elle semblera quitter ce monde sans regret, tout à l'espérance de se " retrouver dans le sein de Dieu " avec " sa famille ".

Ses dernières paroles, son fichu ayant glissé de ses épaules, se seraient ainsi adressée au bourreau : « Au nom de la pudeur (ou au nom de votre mère selon les versions), couvrez-moi monsieur ! ». Elle ignorait que son corps sans vie serait dévêtu et exposé aux regards des fossoyeurs qui récupéraient les vêtements et plaçaient les corps dénudés dans les fosses communes.

Le dernier supplice de Mme Elisabeth soeur du roi Louis XVI

10 mai 1794

 

Son corps tronqué et dénudé fut jeté dans une des fosses communes du cimetière des Errancis. Après la Révolution, la dépouille ne put être identifiée malgré le témoignage d'un fossoyeur qui avait localisé la fosse commune. Les ossements exhumés lors des travaux de percement d'avenues furent placés aux catacombes de Paris avec ceux des autres condamnés. On ne put identifier ses restes.

L'acte de décès de Madame Élisabeth est rédigé le 20 mai 1794. L'original de l'acte a disparu lors de la destruction des archives de Paris en 1871 mais il avait été plusieurs fois recopié. Voici ce que dit le texte :

« Du premier prairial de l'an deuxième de la République.
Acte de décès de Élisabeth-Philippine-Marie-Hélène Capet du vingt-et-un floréal, sœur de Louis Capet, âgée de 30 ans, native de Versailles, département de Seine-et-Oise.
Vu l'extrait du jugement du tribunal criminel révolutionnaire et du procès-verbal d'exécution, en date du vingt-et-un floréal.
Signé Deltroit, écrivain greffier.»

En actionant le couperet le bourreau Sanson mit fin à une vie tournée vers Dieu ,son frere, et le sacrifice. Mais il ouvrira une legende qui rentrera dans l'histoire..... il se murmurait qu'une odeur de roses se dégageait après que le couperet ait séparé la tête du corps de Mme Elisabeth.

Plus prosaiquement beaucoup ne comprennent pas pourquoi fallait-il faire mourir cette femme pieuse qui jamais ne causa de tort autour d’elle et qui ne pouvait guère mettre en danger la République. Napoléon Ier lui-même aurait déclarer ne pas comprendre pourquoi Elisabeth fut envoyé à l’échafaud car « elle ne le méritait pas ».

En 1795, lorsque Madame Royale apprit la mort de sa tante elle déclara qu’elle espérait qu’un jour elle serait mise au rang des saintes.

 


 

 


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Pour compléter ce dossier quelques liens intéressants :

Les dernières minutes de Madame Elisabeth



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