La Convention

"Qui voyait l'Assemblée ne songeait plus à la salle. Qui voyait le drame ne pensait plus au théâtre.
Rien de plus difforme et de plus sublime. Un tas de héros, un troupeau de lâches.
Des fauves sur une montagne, des reptiles dans le marais.
A droite, la Gironde, légion de penseurs; à gauche, la Montagne, un groupe d'athlètes."

Victor Hugo - Quatre-
vingt-treize
 

La République girondine
septembre 1792 - juin 1793

La patrie en danger
ou l'enrôlement des volontaires en 1792

 

Les débuts de la Convention

Le premier président de la Convention fut Pétion. Il avait été nommé le 20 septembre lors de la séance de vérification des pouvoirs faite en séance privée. Seuls 371 députés étaient présents mais ils s'étaient tout de même constitués. Ce jour là, les Girondins tenaient la majorité, Pétion avait été élu par 235 voix alors que Robespierre n'en avait recueilli que 6. Tous les secrétaires élus étaient également des Girondins.
Le 21 septembre 1792, les conventionnels se rendirent à la salle du manège où une passation de pouvoir solennelle eut lieu entre les députés de la Législative présidée par François de Neufchâteau et ceux-ci. Avant toute autre déclaration et par la voix de Danton, les députés proclamèrent à l'unanimité la propriété sacrée. Collot d'Herbois proposa ensuite l'abolition de la royauté qui fut votée à l'unanimité également. Le 22 septembre Billaud-Varenne proposait que tous les actes publics portent désormais la date de l'an I de la République. Le 25 septembre enfin, Couthon proposait et faisait adopter par l'assemblée la devise "La République est une et indivisible".

Ces préliminaires étant faits avec une apparente unanimité "l'Assemblée géante" allait pouvoir gouverner.

 

"L'assemblée géante"

L'assemblée comprenait 749 députés (par la suite des annexions de départements ou décès on comptabilisera en tout 904 conventionnels). 11% d'entre eux étaient d’ancien constituants et 21% siégeaient à la Législative. Un tiers de ces députés étaient des hommes de loi alors que l'on ne comptait que deux ouvriers. Tous les conventionnels se réclamaient républicains, cependant aucun d'entre eux ne représentait les sans-culottes qui avaient fait le 10 août. La convention avait été élue par une minorité de Français ; les autres n’étaient pas allés aux urnes, aussi cette assemblée ne satisfaisait-elle pas du tout la Commune insurrectionnelle. Nombre de ces révolutionnaires déçus se retrouveront au club des Cordeliers ce qui leur permettra en 1793 d'entraîner la Montagne et les 48 sections de la Commune un pas plus loin dans la Révolution.

Les 750 députés se répartissaient en trois groupes.

A ses débuts et jusqu'en mai 1793 la Convention siègera, comme la Législative, dans la salle du manège. La séance journalière débutait à 9 heures du matin et tout citoyen pouvait y assister des tribunes. Le vote se faisait par assis et levé ou si nécessaire par appel nominal. Les travaux préparatoires aux votes étaient faits par une vingtaine de comités. Les députés n'avaient pas d'uniformes et recevaient une indemnité journalière de 18 livres. Leur logement à Paris étaient à leur charge.

Dés les premiers jours de l'assemblée les Girondins et les Montagnards que tout opposait vont s'affronter.

Le bonnet phrygien

Ce bonnet symbolise à la fois le civisme, l’allégeance aux idéaux des sans-culottes, l’égalité dans une nation régénérée et le militantisme révolutionnaire.

Antique symbole d’affranchissement des esclaves, il est adopté au printemps 1792, quand Paris célèbre les Suisses du régiment de Châteauvieux, (réprimé après la mutinerie de Nancy par Bouillé).

On voit ici deux patriotes remplacer par un bonnet de laine rouge la couronne de laurier qui ornait le buste de Voltaire au théâtre de la Nation.

Les attaques de la Gironde

Jusqu'en décembre 1792 la Gironde dominera la Convention en s'appuyant sur les victoires des armées de la République (campagne de 1792). Les Girondins ont d'ailleurs rallié toute la Convention à leurs idées de la guerre révolutionnaire.

A partir de fin septembre et de manière peu ordonnée, les leaders Girondins déclenchèrent les hostilités contre divers membres de la Montagne et contre la Commune de Paris.
Lasource, député du Tarn, déclara "... que Paris soit réduit à un quatre-vingt-troisième d'influence comme chaque département ..." .
Ce fut ensuite une attaque contre Marat qu'on accusa de promouvoir l'instauration d'une dictature. Monté à la tribune menaçant et ricanant, il déjoua l'attaque.
Puis le 10 octobre ce fut le tour de Danton, à qui l’on demandait des comptes, sur son ministère qu'il venait de quitter. Ne pouvant fournir ces comptes, Danton est mis en cause quelques jours plus tard à propos des Massacres de septembre. Faisant front, à la tribune, à sa manière avec éloquence et brutalité il fit taire ces accusateurs.
Les assauts de la Gironde se portèrent alors sur Robespierre avec l'intervention de Louvet le 29 octobre "Robespierre, je t'accuse ..." , Robespierre d'abord mal à l'aise se défendit adroitement une semaine plus tard le 5 novembre 1792 ralliant à sa cause une partie de la Gironde.
La dernière passe d'arme eut lieu lorsque les Girondins souhaitèrent la constitution d'une garde départementale. Cette garde, protectrice de la Convention, devait être fournie par chaque département à raison de 4 fantassins et 2 cavaliers par député (soit 4.500 hommes). Les Girondins souhaitaient cette garde car ils craignaient Paris et ses sections pro-montagnardes. Le décret est rejeté lors de sa présentation aux sections parisiennes. La Gironde appela alors à Paris un nombre important de gardes nationaux des départements à majorité girondine. Ces fédérés seront adroitement regroupés avec les fédérés parisiens le 18 janvier 1793.

Les attaques girondines, peu construites, ayant échoué, la Montagne en ressort renforcée et fait bloc. Le Girondin Guadet ne sera élu à la présidence de la Convention qu'avec 218 voix sur 466, face à Danton qui en obtiendra 207. En novembre l'abbé Grégoire sera élu à la présidence, contre la Gironde, avec 246 voix sur 352 votants.

Camille Desmoulins, le premier dénonça dans son journal la naissance du "parti des flegmatiques", ceux-ci regroupaient Pétion, Condorcet ou Vergniaud et correspondaient aux Girondins qui avaient soutenu Robespierre le 5 novembre. La naissance de cette tendance entraînera inexorablement un effritement du parti girondin qui poursuivra cependant ces attaques contre la Montagne jusqu'en juin 1793.

Le procès de Louis XVI

La première mission qui incombait à la Convention, avant même la rédaction d'une nouvelle constitution était de régler le sort de la monarchie. L'Assemblée était divisée sur l'attitude à adopter. Indiscipliné, sans volonté ferme et perpétuellement ébranlé par la crainte de paraître moins bon républicain que la Montagne, le groupe girondin manquait d’homogèneité face au procès du roi. Son état-major souhaitait sauver le roi mais ne se donnait pas les moyens de sa volonté, certains des leurs seront d'ailleurs compromis par leurs déclarations antérieures. La Montagne quant à elle était unie dans ce combat et souhaitait la mort de Louis XVI plus, d'ailleurs, par calcul politique (division de la Gironde) que par conviction. En outre elle espérait par cette exécution rendre la situation irréversible et inexpiable. Certains de ses membres, comme Robespierre, seront d'ailleurs si arrêtés dans cette décision qu 'ils ne voudront pas de procès mais uniquement un décret.

Depuis le 12 août la famille royale était toujours internée au Temple. Les preuves manquaient pour l'accusation quand la découverte de l'armoire de fer aux Tuileries permit à l'Assemblée d'enclencher la procédure judiciaire. Cette armoire secrète prise lors de la mise à sac du 10 août contenait des documents importants mettant en cause non seulement le roi dans ses rapports avec les autres puissances européennes mais aussi ses correspondances avec Mirabeau, Dumouriez ou La Fayette. Le 5 décembre 1792, forte de ces nouveaux faits la Convention se déclarait apte à pouvoir juger le roi. Le montagnard Robert Lindet fut aussitôt chargé de rédiger le rapport énonçant toutes les charges pesant sur Louis XVI. Le 11 décembre 1792 Louis Capet comparaissait devant l'Assemblée où la lecture de son acte d'accusation lui était faite. Le roi choisit Target et Tronchet comme avocats. Target se récusa mais Malesherbes, volontaire, se proposa et amèna avec lui de Sèze. Le 25 décembre 1792 Louis XVI rédigeait son testament et le 26 décembre 1792 il se rendait à la Convention pour la première séance du procès qui durera jusqu'au 7 janvier 1793. Au cours de ces 12 journées la Commune et les tribunes feront pression sur les députés pour voter la mort. La Gironde proposera le 27, par la voix de Salles, la proposition d'un appel au peuple pour le jugement du roi. Robespierre et Saint Just s'y opposèrent vivement. Du 8 au 15 janvier 1793 quelques manifestations en faveur du roi eurent lieu en province, mais la pression populaire à Paris et dans les tribunes de la Convention s'accentuait sur les députés. Les scrutins en séance publique devaient se faire par appel nominal à la tribune et comme le dira La Révellière plus tard "Il y avait plus de courage à absoudre qu'à condamner".

Le 15 janvier 1793 la question sur la culpabilité du roi est posée et c'est un oui unanime des députés qui déclarent Louis Capet coupable de conspiration contre la sûreté générale de l'Etat (683 oui, 5 récusations, 33 oui qui renient leur qualité de juge, 28 absents). Le même jour on vote pour la question de l'appel au peuple qui sera rejeté par 423 voix contre 283 (29 absences, 1 récusation, 4 refus de voter, et 11 votes motivés).
Du 16 janvier 20 heures au 17 janvier 20 heures, les 721 députés présents allaient défiler à la tribune et se prononcer à haute voix sur la sentence. Les députés défileront dans l'ordre alphabétique des départements et c'est le département de la Haute-Garonne tirée au sort qui commencera suivi par le Gers et la Gironde. Jean-Baptiste Mailhe fut le premier à voter, Girondin, il se prononça pour la mort, mais dans une formulation qui sera reprise par un certain nombre de députés "une mort avec sursis". Vergniaud lui-même, opposé à la peine capitale quelques heures auparavant, vota la mort avec sursis entraînant avec lui bon nombre d'indécis. Le résultat des votes est le suivant 361 voix pour la mort sans condition (exactement la majorité absolue), 26 voix pour la mort avec sursis selon l'amendement de Mailhe, 43 voix pour la mort avec sursis sous conditions et 291 voix pour un châtiment autre que la mort (bannissement ou prison).
La question sur le sursis demandé par les Girondins sera mise aux voix le 20 janvier 1793. Le résultat, sans appel, refusait de surseoir à l'exécution du roi par 380 voix contre 310 voix.

Les derniers adieux de Louis XVI à sa famille

Prison du Temple, 20 janvier 1793


Le lendemain matin, 21 janvier 1793, à 10h10 place de la Révolution, Louis XVI était guillotiné par le bourreau Samson et sa tête montrée à la foule qui hurla "Vive la Nation !". Ses derniers mots auront été "Je meurs innocent !".

L'exécution de Louis XVI marque un tournant dans l'histoire de la Révolution. Par cette exécution tout retour en arrière était impossible et c'est bien ce que voulaient les Jacobins qui avaient voté la mort du roi. Marat écrira "Il n'y a plus moyen de reculer" et Lebas, ardent admirateur de Robespierre, écrira à son père "Pour moi, la mort du roi a sauvé la République et nous répond de l'énergie de la Convention. … Les chemins sont rompus derrière nous, il faut aller de l'avant, bon gré mal gré et c'est à présent surtout qu'on peut dire : Vivre libre ou mourir !" Aller de l'avant et marcher, marcher vers la Terreur, marcher contre tous les "tyrans" de l'Europe. Tous ces Conventionnels régicides se serreront les coudes ils formeront cette "oligarchie régicide", décrite par Louis Madelin, rassurée seulement le jour où un autre tyran, Bonaparte, fondera un gouvernement fort qui leur promettra de les garder des représailles des autres souverains européens.

Exécution de Louis XVI

Place de la Révolution, 21 janvier 1793

 

La première coalition

Situation dans les territoires occupés

Depuis le 30 novembre 1792, Dumouriez s'opposait aux commissaires de la République envoyés par la Convention en Belgique. Parmi eux Danton et Delacroix tous deux partisans d'une annexion pure et simple des territoires belges à la France. Dumouriez se ralliait à l'opinion majoritaire des Belges qui étaient partisans d'une République indépendante.

A Paris les discours avaient changé depuis le temps où la Constituante affirmait être opposée aux conquêtes. Les richesses de la Belgique, dans une période où l'assignat continuait sa dégringolade, ne pouvaient qu'attirer les convoitises de la Convention. Lebrun expliquait que la réunion de la Belgique à la France augmenterait la population de 3 millions de personnes, l'armée de 40.000 hommes et les revenus de 400 millions de livres.

Au début de l'année 1793, les déclarations s'accélérèrent dans le sens d'une extension de la France jusqu'aux frontières naturelles (Alpes, Pyrénées et Rhin). En mars 1793, une série de décrets officialisa les annexions des territoires suivants:

La coalition des monarchies européennes

Toutes ces annexions territoriales ajoutées à l'exécution de Louis XVI inquiétaient sérieusement l'Europe et en premier lieu l'Angleterre. Depuis la guerre d'indépendance des Etats Unis, celle-ci avait gardé une rancune vis à vis de la France. Son Premier ministre William Pitt dit le Jeune, indifférent à la Révolution et même réjoui de voir la France sombrer dans le chaos, ne souhaitait pas la guerre mais ne voulait en aucun cas que les troubles ne s'étendent au reste de l'Europe en particulier à la région de l'Escaut et des Pays-Bas primordiale pour le commerce de la Grande-Bretagne.

William Pitt à la Chambre des Communes au sujet de la déclaration de guerre de la France.

Londres, février1793

 


Le 24 janvier la rupture était consommée et le 1 février 1793 la Convention déclarait la guerre à l'Angleterre puis à l'Espagne le 18 mars 1793. Le 22 mars la quasi-totalité des princes germaniques et des Etats italiens rejoignent la Prusse et l'Autriche dans la coalition ainsi que le Portugal qui rejoint l'Angleterre. La Russie et la Suède condamnent la France sans toutefois bouger. Seuls restent neutres Gênes, Venise, le Danemark et la Suisse.

La trahison de Dumouriez et la réorganisation militaire

Le 17 février 1793 sur ordre de la Convention, Dumouriez débute l'invasion de la Hollande depuis ses bases en Belgique. A peine l'invasion est-elle commencée qu'il est forcé de se replier car les Autrichiens attaquent la Belgique. L'un de ses lieutenants, le général Miranda, qui assiège Maëstricht lève précipitamment le siège le 3 mars et se replie sur Liège qu'il ne peut conserver face à l'avancée des Autrichiens. Dumouriez est rappelé de toute urgence sur Bruxelles le 8 mars.
Le 12 mars 1793, furieux contre la politique de la Convention il envoie à l'Assemblée une violente lettre de réprimande. Le coup est terrible pour ses amis Girondins. La Convention lui missionne de nouveau Danton et Delacroix pour tenter de le raisonner. Dumouriez cherche à tout prix une victoire dans l'idée de marcher ensuite sur Paris, auréolé de gloire, à la tête de son armée. Il trouve finalement une défaite à Neerwinden le 18 mars 1793 face aux Autrichiens.
Désespéré, il tente de retourner son armée contre Paris et négocie un armistice avec les Autrichiens. Il livre à l'ennemi les commissaires de la Convention venus l'interroger ainsi que le ministre Beurnonville. Son armée refuse de le suivre et le 3 avril 1793, il passe aux Autrichiens avec onze généraux et le duc de Chartres fils de Philippe-Egalité.

Le général Dumouriez fait arrêter le ministre de la guerre et les 4 commissaires de la Convention pour les livrer à l'ennemi comme prisonniers de guerre. Ils ne seront libérés que 4 ans plus tard.

2 avril1793

 

Sur le plan militaire la défection de Dumouriez menaçait directement la domination française sur la Belgique. Sur un plan politique et en dépit de la distance prise avec le général félon, cette trahison ruinait la Gironde et la livrait à la Montagne. Les Girondins ripostaient précisant que Dumouriez avait fui avec le fils de Philippe-Egalité proche de la Montagne.

Le 21 février 1793, un rapport de Dubois-Crancé permettait le vote de la loi qui établissait la nouvelle organisation des régiments, ceux-ci prenaient désormais le nom de demi-brigade et seraient constitués de deux bataillons de volontaires (les bleus) et d'un bataillon de l'ancienne armée royale (les blancs). Le 24 février 1793, pour faire face à la coalition, Danton faisait voter une levée de 300.000 hommes et l'émission de 3 milliards d'assignats. Tous les hommes valides de 18 à 40 ans étaient réquisitionnés. Le 9 mars des représentants étaient envoyés en mission dans les différents départements pour accélérer cette levée de 300.000 hommes.

La conférence d'Anvers

Le 8 avril 1793 une conférence réunissait à Anvers les représentants de toutes les nations de la coalition. Lord Auckland, représentant de la Grande Bretagne, énonce clairement le but de la coalition "réduire la France à un néant politique ... Chacune des puissances coalisées doit chercher à faire des conquêtes et à garder ce qu'elle aura conquis". Le but de la coalition était donc clair, la France serait dépecée comme venait de l'être la Pologne.
La division des coalisés allait une fois de plus nous servir.
Aucun d'eux ne se pressait à reconnaître Louis XVII ou la régence du Comte de Provence. Les Autrichiens, irrités de n'avoir pas participé au partage de la Pologne espéraient avoir des compensations territoriales en Alsace. Les Prussiens, grands bénéficiaires de ce partage, ne souhaitaient cependant pas laisser aux Autrichiens ces compensations en Alsace et décidèrent d'arrêter là leurs efforts de guerre. La Russie encourageait les autres protagonistes à l'action et souhaitait faire de la France une puissance de second ordre.
Alors que les alliés disposaient d'une supériorité numérique écrasante: 280.000 hommes massés aux frontières en été 1793, les dissensions au sein de la coalition paralysaient leurs actions. Leurs objectifs mêmes, non politiques mais mercantiles, faisaient de la Convention le défenseur du territoire national face à des rois étrangers prêts à le dépecer.

 

La réorganisation politique
du comité de défense au comité de salut public

Début janvier le vice-amiral de Kersaint, conventionnel élu par la Seine-et-Oise et favorable à une offensive contre les Anglais, proposait la création d'un comité de défense générale composé de Conventionnels membres des différents comités. Ce comité de défense devait permettre la reconstruction d'un pouvoir exécutif perdu depuis le 10 août 1792. Le 4 janvier 1793 le premier comité de défense composé de 24 membres en majorité girondins (Brissot, Kersaint, Dubois-Crancé) fut élu. Paralysé par des luttes internes il ne put agir efficacement.
Le 26 mars 1793 un nouveau comité de défense de 25 membres est désigné et le 6 avril 1793 un décret institue la mise en place d'un Comité de Salut Public pour concentrer les pouvoirs. Ce comité, composé de neuf membres, est chargé de surveiller, accélérer ou même stopper l'action des ministres. Il coordonne toutes les mesures de défense intérieure ou extérieure sous le contrôle de la Convention. Aucun Girondin ne figure parmi ces membres dont Danton est le maître assisté de Barère, Cambon ou Lindet. Parallèlement à la mise en place du comité, un ensemble de mesures exceptionnelles est pris.

La Gironde par principe opposée à de telles mesures ne pourra rien faire face à l'offensive Montagnarde et ne pourra qu'accepter ces mesures la mort dans l'âme pour ne pas paraître moins bonne révolutionnaire que la Montagne.

 

L'insurrection vendéenne

Depuis août 1792, la province avait du mal à suivre le cours des événements que Paris donnait à la Révolution. L'influence des prêtres non-jureurs restait importante dans les campagnes et l'exécution de Louis XVI avait choqué beaucoup de Français qui restaient au fond d'eux-mêmes fidèles au roi et à la religion.
C'est le décret concernant la levée de 300.000 hommes qui mit le feu aux poudres dans les départements les plus mécontents. Très rapidement, dans ces départements, des troubles éclatèrent. C'est dans le midi et surtout en Vendée que les troubles furent les plus importants. Les régions de bocages (Vendée, Bretagne et Normandie) étaient propices à de tels événements. La société se partageait entre une paysannerie pauvre et isolée, un clergé respecté et aimé, seul lien entre tous, une noblesse représentée par des gentilshommes campagnards vivant sur le pays et une bourgeoisie minoritaire et jalousée car seule bénéficiaire de la vente des biens nationaux.
Les premiers désordres éclatèrent à Cholet le 3 mars 1793 à l'occasion du tirage au sort des conscrits. Les forces de l'ordre intervinrent et dispersèrent les manifestants. Les mêmes manifestations eurent lieu dans plusieurs localités dans les jours qui suivirent. Le 13 mars 1793, pour la première fois, des bandes armées de piques, fourches ou faux et porteurs de la cocarde blanche s'en prirent aux forces de l'ordre et aux autorités.

En Normandie, en Bretagne et dans les grandes villes l'effet dissuasif des autorités et la présence de nombreux gardes nationaux limitèrent les actions de ces bandes à une guérilla qu'on nommera chouannerie.

Chouan et Bleu

On confond souvent Chouan et Vendéen. A l’origine, les quatre frères Cottereau, chefs de l’insurrection du Maine, et surtout Jean, sont surnommés Chouans parce qu’ils rallient leurs hommes en imitant le cri du chat-huant, signe de reconnaissance du temps de la contrebande du sel. Leur surnom désignera les insurgés. La chouannerie est une guerre de partisans qui se développe, au nord de la Loire, parallèlement au soulèvement vendéen et pour les mêmes raisons. Possédant partout agents ou amis, les Chouans mènent de meurtrières actions de guérilla dans ces terres de bocage. Equipés de fusils de chasse ou d’armes récupérées sur les Bleus, parfois d’une simple faux, contrebandiers, paysans pauvres et pieux, réfractaires au service militaire, font régner la terreur dans les campagnes.

La rébellion s'organisa véritablement uniquement en Vendée et au sud de la Loire. Du 10 au 13 mars, sous la conduite de Cathelineau un simple voiturier, elle prit le contrôle de nombreuses villes. La ville de Cholet tombait aux mains des Vendéens le 14 mars 1793. Ce n'est qu'à ce moment que des nobles n'ayant pas émigré, Charette, La Rochejaquelein ou d'Elbée, prirent la tête de l'insurrection. Ils comprirent les possibilités que pouvait amener une telle lutte armée et il donnèrent une coloration politique à la rébellion. La religion devint le facteur d'unité des insurgés qui coudront un sacré cœur rouge sur leur cocarde blanche. Les bandes s'organisent sous l'impulsion de l'ancien militaire Bonchamps en trois groupes armés conduits par Bonchamps, d'Elbée et Charette et prennent le nom de "grande armée catholique".
Très vite les troupes républicaines seront bousculées et perdront Noirmoutier, Pont-Charrault et Chalones. Fin mars seul le port des Sables-d'Olonne restait encore aux mains des Républicains.

Les 3 pôles d'insurrection vendéenne
L'armée du Marais autour de Léger
L'armée d'Anjou autour de Cholet
L'armée du centre dans le bocage

Carte extraite du site Les chouans

Parallèlement aux évènements en Vendée le midi de la France s'agitait. A Lyon des affrontements opposaient des partisans et des adversaires de la Révolution. En Alsace, à Montargis ou à Orléans des conscrits se soulevaient contre la conscription. Le 19 mars 1793, la Convention déclarait hors la loi les insurgés et nommait trois généraux pour rétablir l'ordre Berruyer, Boulard et Beyssier. Les forces républicaines seront défaites par La Rochejaquelein aux Aubiers le 13 avril 1793. Le 22 avril Bonchamps et d'Elbée remportaient une victoire à Beaupréau. Le 3 mai puis le 5 mai d'Elbée et ses 40.000 hommes prenaient successivement Bressuire puis Thouars mais échouaient devant Fontenay le 16 mai. Finalement la ville tombera aux mains des Vendéens le 25 mai 1793.

Les grands chefs de l'insurrection vendéenne
Cathelineau
Charette
La Rochejaquelein
D'Elbée

 

La chute des Girondins

Situation économique désastreuse

Malgré une bonne récolte en 1792, le prix du blé ne cessait d'augmenter. Trois raisons à cette hausse:

La Convention devait-elle réagir en fixant un coût maximum du blé et en interdisant le stockage des grains comme le demandaient de multiples délégations de citoyens à la barre de l'Assemblée ou devait-elle laisser faire selon le souhait des Girondins ?. Certaines municipalités (Paris, Lyon ou Marseille) achetaient des grains et revendaient à perte le grain et du pain à l'ancien tarif mécontentant par ce geste les boulangers et les vendeurs de grains. La pénurie de pain entraînait fin février (24 et 25 février) de violentes scènes de pillage à Paris. C'est à cette période que l'on voit apparaître dans le peuple la faction des enragés (Jacques Roux) partisan d'un maximum des prix et dénonciatrice des accapareurs et des spéculateurs.
Les Girondins accusent Marat d'encouragement au pillage, mais leur influence est en pleine chute. A l'Assemblée, le Marais ne suit plus la Gironde et l'influence des chefs girondins au nouveau Comité de Salut Public est quasi nulle. La Gironde venait de perdre sa dernière chance, lorsque le 1 avril elle avait maladroitement attaqué Danton, l'homme fort du moment, alors que celui-ci cherchait justement un rapprochement avec elle. Les Girondins n'avaient, par ce geste, réussi qu'à ressouder entre eux le triumvirat des Montagnards Danton, Robespierre et Marat.

Les attaques girondines

Avril et mai 1793 voient s'affronter à la barre de la Convention Girondins et Montagnards. Marat sera accusé le 13 avril 1793 par les Girondins puis acquitté dans un délire de popularité le 24 avril 1793 sous la pression de la Commune.

Marat l'idole des sans-culottes

Marat porté en triomphe à la Convention par les sans-culottes après son acquittement le 24 avril 1793.

 


Sur un plan économique, la rue arrache un ensemble de décrets fixant le maximum des prix ainsi que les peines encourues par les accapareurs et les profiteurs du marché du blé. Ces décrets sont votés contre l'avis de la Gironde le 4 mai 1793. Le 19 mai 1793 un pamphlet de Desmoulins accuse, sans preuve aucune, Brissot et les Girondins de collusion avec l'ennemi et de préparer la restauration de la royauté. Brissot riposte en demandant la fermeture du club des Jacobins et la révocation de la Commune de Paris. Déjà le 18 mai Guadet avait proposé un décret prévoyant la cassation des autorités parisiennes et le déplacement à Bourges des députés suppléants. Le Montagnard Barère propose la nomination d'une commission de sécurité composée de 12 membres et chargée de prendre les mesures nécessaires à la tranquillité publique. Seuls des Girondins et des modérés sont élus dans cette commission qui ordonne le 24 mai 1793 l'arrestation d'Hébert, l'homme fort de la Commune. Une manifestation de la rue aboutit le 27 mai à la suppression de la commission d'enquête et à la libération d'Hébert. Le lendemain les Girondins revenus en force, feront casser les décrets de la veille et rétabliront la commission par 279 voix contre 238.

Le soulèvement de la Commune

La Commune de Paris ne peut rester sur cet échec et, le 31 mai 1793, les sections de Paris ayant monté un comité insurrectionnel de la Commune tentent un coup de force contre la Convention. Le bras armé de l'insurrection est donné à Hanriot. C'est un homme lié aux Hébertistes qui a participé activement aux journées insurrectionnelles du 10 août 1792 et aux Massacres de septembre. Le Comité insurrectionnel demande entre autres la mise en accusation des membres de la commission des douze, l'accusation de 22 députés girondins et l'arrestation des ministres Clavière et Lebrun.
Malgré la pression de la rue la Convention ne cède pas mais se résigne tout de même à casser la Commission des douze. Les sections de Paris ne peuvent en rester là et le 1 juin au soir Marat fait sonner le tocsin et appelle à l'insurrection. A l'aube du 2 juin 1793, les bataillons d'Hanriot prennent place autour des Tuileries et ses canons sont braqués sur le château. Les députés sont alors prisonniers et ne pourront sortir qu'après avoir signé les décrets que demande la rue.
Le président de la Convention Hérault de Séchelles tente vainement de négocier avec Hanriot. D'un coté Hérault suivi des députés et demandant poliment "Que veut le Peuple ? La Convention ne veut que son bonheur" de l'autre Hanriot qui pour toute réponse claironne "Le peuple ne s'est pas levé pour entendre des phrases; il veut qu'on lui livre 24 coupables" puis comme certains députés crient "Qu'on nous livre tous !" il se retourne vers ses hommes et commande "Canonniers à vos pièces !".
Confus, honteux et bafoués les députés ne peuvent que regagner l'Assemblée sous les railleries des troupes criant "Vive la Montagne ! A la guillotine les Girondins". Après quelques hésitations la Convention se résigne à voter le décret d'arrestation de 29 de ses membres dont 10 de la Commission et des deux ministres Clavière et Lebrun.
Parmi ces 29 hommes livrés, tous avaient participé et fait avancer la Révolution ces trois dernières années Lanjuinais, Rabaud, Vergniaud, Gensonné, Guadet, Isnard, Brissot ou Pétion.

Les émeutiers parisiens de juin 1793
Charretier
Savetier
Fort des Halles
Sans culotte

 

 


La Législative - La Convention montagnarde


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